Cet article est le cinquième d'une série de six recherches commandées à Rémi Guertin, Ph. D. Géographe, dans le cadre d'un Projet d'initiative du Conseil de quartier Saint-Sacrement et grâce au soutien financier du Conseil d'arrondissement de la Cité Limoilou.
L’histoire des loisirs dans Saint-Sacrement est intimement
liée à celle des Pères du Très-Saint-Sacrement, mais également à celle de
citoyens qui vont s’impliquer dans le développement de leur quartier. En effet,
il appert que les Pères seront de « véritables animateurs et promoteurs du
développement du quartier » (Ville de Québec, 2016, 60).
Quelque part, tout commence par le déménagement
(littéralement!) de la première église pour faire place à la construction de
l’église actuelle (c. 1919). Comme le suggère une photo d’époque, l’opération
est d’autant plus impressionnante que les moyens alors mis en œuvre peuvent
aujourd’hui nous paraître rudimentaires.
Cette église déménagée sert de
première salle paroissiale; elle est inaugurée en 1925. « Tout
l’aménagement de cette salle fut réalisé bénévolement » par des
paroissiens (Lagacé, non daté, 19). Cette salle paroissiale, qui fait office en
quelque sorte de centre des loisirs, a de quoi occuper les résidents du quartier :
terrain de cricket intérieur, allées de quilles, salles pour diverses
activités, etc. Aussi, il appert que « le passage » reliant la
nouvelle église au monastère a accueilli à une époque les locaux d’une caisse
populaire (ibidem).
Au début des années 1940, la Ville de Québec, par
l’entremise de l’Œuvre des terrains de jeux (O.T.J.), ouvre un terrain de jeux
du côté du boulevard de l’Entente. Fait amusant à souligner, le gardien du
terrain de jeux, monsieur Leblanc, habitait avec sa famille au second étage du
bâtiment (qui existe toujours).
Le bâtiment sera la proie des flammes en 1943. Le terrain comportait des barboteuses, des piscines et un terrain de tennis; l’hiver, une patinoire y était aménagée.
Le bâtiment sera la proie des flammes en 1943. Le terrain comportait des barboteuses, des piscines et un terrain de tennis; l’hiver, une patinoire y était aménagée.
Une autre patinoire était aménagée au coin de la rue Frontenac
et de l’avenue Eymard; combien de parties de hockey y ont été gagnées et…
perdues!
Sur la rue Garnier, de biais avec le terrain de jeux du boulevard de
l’Entente, se trouvait un terrain de tennis qui fera place au centre des
Loisirs.
En avril 1945, la première église de Saint-Sacrement ainsi
que « le passage » reliant l’église et le couvent sont dévorés par
les flammes; les citoyens perdent donc leur salle paroissiale et ce qui fut
leur premier centre des loisirs. Une nouvelle salle paroissiale sera construite
par les Pères du Très-Saint-Sacrement au même endroit; celle-ci comportait
notamment une salle de quilles « très moderne pour l’époque »
(Lagacé, non daté, 27).
Avec le milieu des années 1950, les Pères du
Très-Saint-Sacrement envisagent de transférer la gestion de la salle
paroissiale à la société civile, mais ce transfert ne se fera pas encore avant
quelques années. Et puis, le sort va une fois de plus s’abattre sur la
paroisse : en décembre 1955, le monastère est anéanti par les flammes,
lesquelles emportent également la salle paroissiale adjacente. Une fois de
plus, les résidents du quartier sont privés d’un lieu de rassemblement. Mais en
dépit du mauvais sort, ils vont se mobiliser pour doter Saint-Sacrement d’un
nouvel espace communautaire. C’est ainsi qu’est né, en 1956, le projet d’un
nouveau centre des loisirs multifonctionnel. Construit sur la rue Garnier, ce
dernier s’inspire du YMCA construit sur René-Lévesques (fermé depuis et
converti en commerce).
Le nouveau centre des loisirs et les espaces environnants
accueillent alors toute une panoplie d’activités : billard, théâtre,
ballet et danse, tennis de table, trampoline, club social, sports de glisse sur
les pentes de la côte Sainte-Geneviève (notamment dans la côte
Saint-Sacrement), club social, gala de natation, gala de gymnastique, etc.
Autrement dit, pour la jeunesse notamment, il n’y a pas moyen de s’ennuyer dans
Saint-Sacrement! Mieux encore, au tournant des années 1960, la côte
Saint-Sacrement était transformée en piste de course, le temps d’un carnaval,
comme en font foi des photos déjà publiées sur
un billet précédent. Voilà bien quelque chose qu’on n’oserait plus faire
aujourd’hui pour des questions de sécurité! Le centre des loisirs
Saint-Sacrement accueillera également, jusqu’en 1969, des soirées dansantes aux
sons d’orchestres bien connus d’une certaine génération : les Bel-Airs,
les Monarques, les Megatones. Que de souvenirs pour certains!
Dans les années 1960, le service de police de la Ville
de Québec utilise les installations sportives du centre des loisirs pour mettre
à l’épreuve ses nouveaux policiers.
Les installations sportives du centre vont
également retenir l’attention de l’université Laval. En effet, en 1960, le
centre des loisirs héberge une partie du Département d’éducation
physique et récréation qui, à cette époque, relève du
baccalauréat en pédagogie. Aussi, à partir de 1961, il appert que le
département occupe « tout le Centre des loisirs Saint-Sacrement »
dans un effort pour réduire la dispersion de ses activités (site du département d’éducation physique).
La Bibliothèque et les archives nationales
du Québec, par le truchement d’un fonds conservé à Montréal, ont révélé
l’existence d’une correspondance,
de 1965 à 1972, entretenue entre Ludmilla Chiriaeff
et le centre des Loisirs Saint-Sacrement. Rappelons que madame
Chiriaeff, « danseuse, chorégraphe, professeure et directrice de
compagnies de danse », fut la directrice fondatrice des Grands Ballets canadiens
et de l’Académie des Grands Ballets canadiens (Wikipédia). Que contient
cette correspondance? Il nous faudrait faire un saut à Montréal pour consulter
ces lettres. Mais il est permis de penser que le centre de Loisirs
Saint-Sacrement cherchait peut-être à obtenir un quelconque statut pour son
école de danse. Bref, il y a là un pan d’histoire qui ne demande qu’à être
exploré.
En 1987 était inaugurée une nouvelle piscine sur le
boulevard de l’Entente. En 1999, le centre des Loisirs devait se départir de
son immeuble de la rue Garnier, lequel a été transformé en résidences pour
retraités autonomes (Les Jardins de Saint-Sacrement).
Puis, en 2009, la Ville de Québec propose à la Corporation des Loisirs
Saint-Sacrement de s’installer dans les locaux du boulevard de l’Entente, année
où fut inaugurée une nouvelle salle communautaire.
Comme hier, le centre des loisirs Saint-Sacrement occupe
toujours une place de choix dans le quotidien des résidents du quartier, des
résidents qui, encore aujourd’hui, s’investissent dans leur milieu de vie.
Et vous?
Vous avez des souvenirs de vos étés passés aux Loisirs
Saint-Sacrement? Vous avez dévalé le coteau Sainte-Geneviève en ski? Profitez
des commentaires pour partager ces souvenirs avec nous!
Rémi Guertin, Ph.D.
géographe
géographe
Références
Chabot, Isabelle (2009), « Saint-Sacrement possède
maintenant son lieu de rassemblement ». Article publié sur le site du
journal Québec Express le 6 novembre 2009 et consulté en décembre 2017 à https://www.lequebecexpress.com/actualites/economie/2010/5/28/saint-sacrement-possede-maintenant-son-l-1187283.html
Historique. Article publié sur le site du Département
d’éducation physique de l’université Laval; article consulté en décembre 2017 à
https://www.fse.ulaval.ca/edp/historique/.
Lagacé, Louise (non daté), Loisirs Saint-Sacrement. Mon
centre, c’est sacré! Publication des Loisirs Saint-Sacrement.
Ville de Québec (2016). Arrondissement de La
Cité-Limoilou. Collection : Découvrir Québec. Services des
communications de la Ville de Québec.
Iconographie
Église du Très-St-Sacrement (1921). Archives de la
Ville de Québec; fonds : Collection iconographique de la Ville de Québec,
négatif : CI-N010736. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=7079.
Lagacé, Louise (non daté), Loisirs Saint-Sacrement. Mon centre, c’est sacré! Publication des Loisirs Saint-Sacrement.
Entrée du parc St-Sacrement (1979). Archives de la
Ville de Québec; fonds : Québec, négatif : Q-C1-14-N013218.
URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=42818.
Le logement occupé jadis par le gardien du parc se devine sur cette photo.
Terrain de jeux (1975). Archives de la Ville de
Québec; fonds : Québec, négatif : Q-C1-14-N013682. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=29745.
Le second étage du bâtiment visible au fond de cette photo était l’ancien
logement de monsieur Leblanc. Il est aujourd’hui occupé par les bureaux des
Loisirs Saint-Sacrement.
Partie de hockey (c. 1940-45). Archives de la
Ville de Québec; fonds : collection iconographique de la Ville de Québec,
négatif : CI-N010729. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=7112.
Séance de test pour les nouveaux policiers (1964).
Archives de la Ville de Québec; fonds : Québec, négatif :
Q-C1-14-N006027. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=31007.
Église du Très-St-Sacrement (1921 ou 1922). Archives
de la Ville de Québec; fonds : Collection iconographique de la Ville de
Québec, négatif : CI-N010739. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=9663.
Centre de loisir Saint-Sacrement (1984). Archives de
la Ville de Québec; fonds : Québec, négatif : Q-C5-IC-N021235.
URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=26143.
Inauguration de la piscine extérieure du parc Saint-Sacrement
(1987). Archives de la Ville de Québec; fonds : Québec, négatif :
Q-C5-IC-N029635. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=26707.
Bain de pieds des filles — O.T.J. St-Sacrement
(1947). Archives de la Ville de Québec; fonds : Œuvre des terrains de jeux
de Québec; photographie : P014-04-N018599. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=23858.
Vue aérienne du parc Saint-Sacrement (1970). Archives
de la Ville de Québec; fonds : Ville de Québec; négatif : Q-C1-14-N015879. URL :
https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=29821.
Underwriters' Survey Bureau (1957-1961), Insurance plan
of the city of Quebec, volume 1. Toronto; Montréal : Underwriters'
Survey Bureau Limited. URL : http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2244127?docref=1RyaWz4Xjn3i90NAd_aNUQ. Note : ce plan donne un aperçu général des
installations sportives au tournant des années 1960.