Chemin Sainte-Foy vers 1951

Chemin Sainte-Foy vers 1951
1951 Boucherie Bégin et les commerces avoisinants. Il s'agit d'une photographie représentant la boucherie Bégin située au 900, chemin Sainte-Foy, entre les avenues Saint-Sacrement et Marguerite-Bourgeoys. On y voit également les commerces avoisinants, dont la lingerie Leduc. Le cliché a été pris en direction nord. Fonds : Ville de Québec. Cote : Q-C1-14-N002934

dimanche 4 mars 2018

Le tramway dans Saint-Sacrement





Cet article est le sixième et dernier d'une série de six recherches commandées à Rémi Guertin, Ph. D. Géographe, dans le cadre d'un Projet d'initiative du Conseil de quartier Saint-Sacrement et grâce au soutien financier du Conseil d'arrondissement de la Cité Limoilou.


Quelques points de repère en guise d’introduction
En 1863, la Quebec Street Railway Co. obtient l’autorisation d’implanter un réseau de tramways hippomobiles sur rails de bois. En 1878, une autre entreprise, la St. John Street Railway, fait circuler des voitures similaires en haute-ville, jusqu’à la rue Cartier. 



En 1897, la Quebec District Railway met en service un tramway électrique. Ce tramway, qui roule sur des rails de fer, dessert deux circuits — du marché Champlain à la rue de l’Aqueduc; du Château Frontenac à l’avenue des Érables en empruntant les Saint-Jean et la Grande Allée — tout en assurant une liaison entre la haute et la basse ville. 


Plus tard, une série de fusions mène à la consolidation de la Quebec Light Rail & Power Co. (1890). Les voitures de la nouvelle compagnie, fabriquées à New York, peuvent accueillir jusqu’à 27 passagers. On dit également qu’elles étaient munies de chaufferettes. 


Le tramway électrique disparaît de Québec à la fin des années 1940, étant graduellement remplacé par un service d’autobus implanté à partir de 1937; la dernière ligne de tramway est celle du quartier Saint-Sauveur, laquelle fut fermée le 26 mai 1948.

Propriétés foncières, promoteurs et tramways
Quelques compagnies foncières s’étaient implantées à l’ouest de Québec, et notamment la Montcalm Land. Ce qui retient d’emblée notre attention, c’est le nom du dirigeant de cette dernière : Rodolphe Forget. Député de Charlevoix à la Chambre des Communes entre 1904 et 1917, Rodolphe Forget fut un homme d’affaires influent de la région de Montréal. 


Non seulement était-il lié à la Montcalm Land, mais il avait participé à l’achat de la Compagnie du Gaz de Québec et à la création de la Quebec Railway, Light, Heat and Power Company. Avec cette entreprise, « il tenta de reproduire le modèle de la Montreal Light, Heat and Power Company », c’est-à-dire établir un monopole dans le domaine de la distribution d’électricité (Jedwab, non daté). Saint-Sacrement était donc à la fois témoin et objet d’une coïncidence — pour ne pas dire d’une puissante fusion — entre les pouvoirs foncier, financier et industriel. Il faut dire que le monde des affaires et de la politique à cette époque constitue un espace plutôt étroit (encore aujourd’hui?). Par exemple, maire de Québec (1870 – 1874), président de la chambre de commerce de Québec et député de l’Assemblée nationale, Pierre Garneau fut président de la Quebec Street Railway Co. de 1863 à 1878. Dans un tel contexte de proximité politico-financière, il ne faut pas s’étonner si, à partir de 1910, le service de tramway est prolongé en direction des terrains des spéculateurs de l’ouest.




Soutenir le développement urbain pour assurer la rentabilité du tramway… et vice-versa!
Si la Quebec Land cible le secteur de Saint-Sacrement, c’est possiblement en raison de la proximité du nouveau parc industriel Saint-Malo. Les promoteurs espéraient peut-être que les ouvriers d’en bas viendraient s’installer en haut (Patri-Arch, 2012). Aussi, la côte Saint-Sacrement, qui permet de lier ensemble différentes voies de communication et, plus largement, les deux villes de Québec (la haute et la basse), pouvait contribuer à la dynamique du développement du nouveau quartier.

Pour une époque où l’automobile n’est pas encore généralisée, Saint-Sacrement se trouve à bonne distance du pôle de Québec. Dans cette perspective, le tramway représentait une alternative des plus intéressantes pour espérer un développement rapide du secteur. Bref, pour ces promoteurs-industriels-spéculateurs, le prolongement du tramway vers l’ouest aurait été fait pour assurer un lien plus fort entre leurs investissements fonciers, industriels (électricité) et commerciaux (tramway) et le marché qu’ils cherchent à développer. 


Ainsi, en 1926 le tramway est prolongé vers Saint-Sacrement à partir du boulevard Saint-Cyrille (René-Lévesque), où passe depuis 1910 la ligne desservant Sillery. De Saint-Cyrille, le tramway empruntait l’avenue Marguerite-Bourgeoys et la rue Garnier, jusqu’à l’avenue Marois (idem, 24-25).


Mais en dépit d’un service quotidien de tramway, le développement de Saint-Sacrement s’essouffle après un premier boom de construction survenu autour de 1910 (idem, 25). Est-ce à dire que le quartier était (encore) trop loin de Québec? Toujours est-il que cette observation est intéressante, car elle se trouve à relativiser l’impact présumé de certains équipements dits structurants sur l’urbanisation; si une hirondelle peut faire le printemps, ce n’est pas un investissement ou un équipement qui peut nécessairement faire la ville...

Des anecdotes
Le 12 août 1925, les journaux de Québec font état de la construction d’une voie ferrée sur la rue Garnier pour le transport de la pierre utilisée pour la construction de la maison des Frères des Écoles chrétiennes (chemin Sainte-Foy). Le transport de la pierre était autorisé à condition qu’il n’ait pas d’impact sur le transport en commun.

Un petit article paru dans la chronique La vie courante de l’Action nationale de février 1933 nous permet d’entrevoir le genre d’ambiance qui pouvait régner dans une voiture de tramway roulant sur le circuit de Saint-Sacrement; l’auteur écrit : « Comment habituer les enfants aux vocables français lorsqu’ils voient l’anglais régner en maître dans le commerce? […] Un tramway de Québec — Basse-Ville-Saint-Sacrement — m’offrit récemment un champ d’observation identique [à ce que l’auteur avait vu à Montréal]. Je comptai quatorze annonces [anglaises]. Il n’y en avait qu’une rédigée en français » (Homier, 1933, 2-3). Comme quoi certaines préoccupations ne datent pas d’hier...

Un mode de transport qui n’était pas sans risque
Les journaux de l’époque rapportent régulièrement des accidents impliquant les tramways de Québec ou encore de tramways qui quittent leurs voies. Ainsi, le 31 août 1927 fut un jour tragique pour la famille Garneau de la rue Garnier, quand leur fille de trois ans fut frappée par un tramway; elle a eu un bras amputé. Dans un tout autre registre, l’Action catholique du 30 juin 1928 rapporte qu’un tramway à l’arrêt au terminus de l’École de Chimie (rue Garnier) avait été frappé par la foudre lors d’un violent orage.


Une transition houleuse vers l’autobus
La transition vers l’autobus sera accompagnée d’un vif débat au sein de l’opinion publique, comme en font foi plusieurs articles parus dans Le Soleil notamment. Par exemple, on peut lire dans un article du 30 novembre 1946 que : « Les experts condamnent, en principe, ce système devenu désuet de transporter les citadins ». Citant Jacques Gréber, l’urbaniste qui conçut le plan d’Ottawa, l’article soutient que le tramway nuit à la fluidité de la circulation, contribuant à l’augmentation de la congestion dans les rues de Québec. Si plusieurs s’entendent pour dire que le tramway est une des sources de la congestion à Québec, des citoyens vont défendre malgré tout le tramway. Ce fut le cas de la Ligue des citoyens de Saint-Sacrement qui réclame à plusieurs reprises certes des autobus, mais également le maintien du tramway.

En février 1935, la Ligue des citoyens de Saint-Sacrement demande l’implantation d’un service d’autobus entre Saint-Malo et Saint-Sacrement, car à l’époque, le tramway pour la basse ville passait par le carré d’Youville. Cette demande sera renouvelée en juin 1937. En avril de l’année suivante, la Ligue des citoyens de Belvédère ne demande rien de moins que le remplacement des tramways par des autobus. Dès cette époque, le tramway aurait donc commencé à avoir mauvaise presse auprès de certains citoyens, lesquels sont de plus en plus nombreux à posséder une voiture. En mars, la Quebec Light Rail & Power Co. avait annoncé la mise à l’étude du remplacement des tramways par un réseau d’autobus.


En février 1939, la Ligue des citoyens de Saint-Sacrement s’oppose à la disparition des tramways dans le quartier; ils invoquent alors la capacité d’un tramway à transporter trois fois plus de voyageurs qu’un autobus. Autrement dit, les citoyens craignent alors une baisse de service. La Ligue remonte aux barricades en mars de cette même année pour réclamer à nouveau le maintien du tramway. Ainsi, les citoyens de Saint-Sacrement vont non seulement s’impliquer dans le maintien d’un service de transport en commun efficace pour leur quartier, mais, par le fait même, ils se trouvent à participer au débat sur l’avenir du transport en commun à Québec.

Si la guerre ralentit le remplacement des tramways, le 6 février 1941 la Ville de Québec et la Quebec Light Rail & Power Co. signent une entente devant mener à la mise en place d’un service de transport en commun par autobus.

Cette brève incursion dans l’histoire du transport en commun est intéressante dans la mesure où elle met en lumière le fait que, bien souvent, les préoccupations urbaines et les débats d’opinion d’hier peuvent ressembler à ceux d’aujourd’hui. Si les gens de Québec étaient, dans les années 1940, préoccupés de congestion et de transport en commun, encore aujourd’hui ils le sont, avec parfois des arguments qui ne sont pas sans évoquer ceux d’hier.

Un appel à la communauté
Mais voilà, l’histoire du service de tramways dans Saint-Sacrement ne semble pas avoir fait l’objet d’une attention particulière; les photos et les documents à son sujet se font rares, sinon inexistants. Le Conseil du quartier Saint-Sacrement profite donc de ce billet pour faire un appel à tous. Vous avez des anecdotes ou des souvenirs liés au tramway? Vous avez des photos sur lesquelles nous pouvons apercevoir les tramways de Saint-Sacrement? Ne manquez pas de les partager avec nous!

Rémi Guertin Ph.D.
géographe



Références
Cet article doit beaucoup à monsieur Jean Breton de la Société d’histoire d’autobus du Québec (S.H.A.Q) qui a patiemment épluché les journaux de Québec des années 1930 et 1940 pour effectuer la liste de tous les articles relatifs à la Quebec Railway Light & Power Co.

Bergeron, G. (1990). La belle époque des tramways. Cap-aux-Diamants, 5 (4), 19–22; https://www.erudit.org/fr/revues/cd/1990-v5-n4-cd1041559/7549ac/

Homier, Pierre (1933), La vie courante. Texte publié par l’Action nationale, février, pp.2-4. Article consulté sur le site de la BANQ à http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2163597.

Jedwab Jack (non daté), « FORGET, sir RODOLPHE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003 –, consulté le 12 déc. 2017, http://www.biographi.ca/fr/bio/forget_rodolphe_14F.html

L’historique. Article publié sur le site du Réseau de Transport de la Capitale et consulté en décembre 2017 (https://rtcquebec.ca/Default.aspx?tabid=365&language=fr-CA).

Patri-Arch (2012), Inventaire du patrimoine bâti des quartiers de Sainte-Foy, Sillery et Saint-Sacrement à Québec. Synthèse architecturale et patrimoniale. Étude réalisée dans le cadre de l’Entente de développement culturel intervenue entre le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec et la Ville de Québec (https://www.ville.quebec.qc.ca/apropos/participation-citoyenne/conseils_quartier/saintsacrement/Visualiser.ashx?id=1438).

Pierre Garneau. Article biographique paru sur le site de l’Assemblée nationale et consulté en décembre 2017 à http://www.assnat.qc.ca/fr/deputes/garneau-pierre-3345/biographie.html

Réseau de transport de la Capitale. Article publié sur le site Wikipédia, l’encyclopédie en ligne et consulté en décembre 2017 à https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_de_transport_de_la_Capitale

Tramway de Québec. Article publié sur Wikipédia, l’encyclopédie en ligne et consulté en décembre 2017 à https://fr.wikipedia.org/wiki/Tramway_de_Québec

Tramway. Article publié sur le site de la Ville de Québec, section Patrimoine; consulté en décembre 2017 à https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/pages_histoire/tramways.aspx.

Ville de Québec (1988), Montcalm Saint-Sacrement. Nature et architecture : complices dans la ville. Québec, Ville de Québec.

Illustrations

Portrait de Rodolphe Forget. Source : Library and Archives Canada, PA 127 236, collection Thérèse Casgrain sur Wikipédia 

Intérieur d’un tramway (ca 1930). Archives de la Ville de Québec; fonds : Collection iconographique de la Ville de Québec, photographie : CI-N001838. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=7549

Rails de tramway sur le chemin Sainte-Foy (1942). Archives de la Ville de Québec; fonds : Ville de Québec, négatif : Q-C1-14-N001852. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=32015

Les premiers chars à chevaux circulant à Saint-Roch (avant 1900). Archives de la Ville de Québec; fonds : Collection iconographique de la Ville de Québec, photographie imprimée : CI-N010290. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=9599

Chemin Sainte-Foy (1929). Archives de la Ville de Québec; fonds : Collection iconographique de la Ville de Québec, photographie : CI-N000020. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=6655

Electric cars first day (ready to start) 19 juillet 1897 (1987). Archives de la Ville de Québec; fonds de Louis Lachance, internégatif : P075-N012517. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=11591.

Les autobus de la Québec Railway, Light and Power Co. Source : photojrad.shost.ca.

Tramway au coin des rues Joffre et Saint-Cyrille (aujourd'hui le boulevard René-Lévesque), source:  Jean Breton.

Carte
Québec, carte dessinée par D. Boucher en avril 1918. Échelle approximative : un pouce au mille pieds. NMC 20654. La ligne de tramway est représentée par un trait tracé au centre des rues.



dimanche 18 février 2018

Les loisirs Saint-Sacrement

Cet article est le cinquième d'une série de six recherches commandées à Rémi Guertin, Ph. D. Géographe, dans le cadre d'un Projet d'initiative du Conseil de quartier Saint-Sacrement et grâce au soutien financier du Conseil d'arrondissement de la Cité Limoilou.

L’histoire des loisirs dans Saint-Sacrement est intimement liée à celle des Pères du Très-Saint-Sacrement, mais également à celle de citoyens qui vont s’impliquer dans le développement de leur quartier. En effet, il appert que les Pères seront de « véritables animateurs et promoteurs du développement du quartier » (Ville de Québec, 2016, 60).

Quelque part, tout commence par le déménagement (littéralement!) de la première église pour faire place à la construction de l’église actuelle (c. 1919). Comme le suggère une photo d’époque, l’opération est d’autant plus impressionnante que les moyens alors mis en œuvre peuvent aujourd’hui nous paraître rudimentaires. 




Cette église déménagée sert de première salle paroissiale; elle est inaugurée en 1925. « Tout l’aménagement de cette salle fut réalisé bénévolement » par des paroissiens (Lagacé, non daté, 19). Cette salle paroissiale, qui fait office en quelque sorte de centre des loisirs, a de quoi occuper les résidents du quartier : terrain de cricket intérieur, allées de quilles, salles pour diverses activités, etc. Aussi, il appert que « le passage » reliant la nouvelle église au monastère a accueilli à une époque les locaux d’une caisse populaire (ibidem).

Au début des années 1940, la Ville de Québec, par l’entremise de l’Œuvre des terrains de jeux (O.T.J.), ouvre un terrain de jeux du côté du boulevard de l’Entente. Fait amusant à souligner, le gardien du terrain de jeux, monsieur Leblanc, habitait avec sa famille au second étage du bâtiment (qui existe toujours).



Le bâtiment sera la proie des flammes en 1943. Le terrain comportait des barboteuses, des piscines et un terrain de tennis; l’hiver, une patinoire y était aménagée. 


Une autre patinoire était aménagée au coin de la rue Frontenac et de l’avenue Eymard; combien de parties de hockey y ont été gagnées et… perdues! 


Sur la rue Garnier, de biais avec le terrain de jeux du boulevard de l’Entente, se trouvait un terrain de tennis qui fera place au centre des Loisirs.

En avril 1945, la première église de Saint-Sacrement ainsi que « le passage » reliant l’église et le couvent sont dévorés par les flammes; les citoyens perdent donc leur salle paroissiale et ce qui fut leur premier centre des loisirs. Une nouvelle salle paroissiale sera construite par les Pères du Très-Saint-Sacrement au même endroit; celle-ci comportait notamment une salle de quilles « très moderne pour l’époque » (Lagacé, non daté, 27).

Avec le milieu des années 1950, les Pères du Très-Saint-Sacrement envisagent de transférer la gestion de la salle paroissiale à la société civile, mais ce transfert ne se fera pas encore avant quelques années. Et puis, le sort va une fois de plus s’abattre sur la paroisse : en décembre 1955, le monastère est anéanti par les flammes, lesquelles emportent également la salle paroissiale adjacente. Une fois de plus, les résidents du quartier sont privés d’un lieu de rassemblement. Mais en dépit du mauvais sort, ils vont se mobiliser pour doter Saint-Sacrement d’un nouvel espace communautaire. C’est ainsi qu’est né, en 1956, le projet d’un nouveau centre des loisirs multifonctionnel. Construit sur la rue Garnier, ce dernier s’inspire du YMCA construit sur René-Lévesques (fermé depuis et converti en commerce).






C’est le 13 mars 1958 que le nouveau centre des Loisirs est inauguré; trois cents personnes vont s’inscrire le jour de l’ouverture. La carte de membre coûte alors sept dollars pour les résidents et dix dollars pour les non-résidents (idem, 33).




Le nouveau centre des loisirs et les espaces environnants accueillent alors toute une panoplie d’activités : billard, théâtre, ballet et danse, tennis de table, trampoline, club social, sports de glisse sur les pentes de la côte Sainte-Geneviève (notamment dans la côte Saint-Sacrement), club social, gala de natation, gala de gymnastique, etc. Autrement dit, pour la jeunesse notamment, il n’y a pas moyen de s’ennuyer dans Saint-Sacrement! Mieux encore, au tournant des années 1960, la côte Saint-Sacrement était transformée en piste de course, le temps d’un carnaval, comme en font foi des photos déjà publiées sur un billet précédent. Voilà bien quelque chose qu’on n’oserait plus faire aujourd’hui pour des questions de sécurité! Le centre des loisirs Saint-Sacrement accueillera également, jusqu’en 1969, des soirées dansantes aux sons d’orchestres bien connus d’une certaine génération : les Bel-Airs, les Monarques, les Megatones. Que de souvenirs pour certains!

Dans les années 1960, le service de police de la Ville de Québec utilise les installations sportives du centre des loisirs pour mettre à l’épreuve ses nouveaux policiers. 


Les installations sportives du centre vont également retenir l’attention de l’université Laval. En effet, en 1960, le centre des loisirs héberge une partie du Département d’éducation physique et récréation qui, à cette époque, relève du baccalauréat en pédagogie. Aussi, à partir de 1961, il appert que le département occupe « tout le Centre des loisirs Saint-Sacrement » dans un effort pour réduire la dispersion de ses activités (site du département d’éducation physique).

La Bibliothèque et les archives nationales du Québec, par le truchement d’un fonds conservé à Montréal, ont révélé l’existence d’une correspondance, de 1965 à 1972, entretenue entre Ludmilla Chiriaeff et le centre des Loisirs Saint-Sacrement. Rappelons que madame Chiriaeff, « danseuse, chorégraphe, professeure et directrice de compagnies de danse », fut la directrice fondatrice des Grands Ballets canadiens et de l’Académie des Grands Ballets canadiens (Wikipédia). Que contient cette correspondance? Il nous faudrait faire un saut à Montréal pour consulter ces lettres. Mais il est permis de penser que le centre de Loisirs Saint-Sacrement cherchait peut-être à obtenir un quelconque statut pour son école de danse. Bref, il y a là un pan d’histoire qui ne demande qu’à être exploré.

En 1987 était inaugurée une nouvelle piscine sur le boulevard de l’Entente. En 1999, le centre des Loisirs devait se départir de son immeuble de la rue Garnier, lequel a été transformé en résidences pour retraités autonomes (Les Jardins de Saint-Sacrement). Puis, en 2009, la Ville de Québec propose à la Corporation des Loisirs Saint-Sacrement de s’installer dans les locaux du boulevard de l’Entente, année où fut inaugurée une nouvelle salle communautaire.









Comme hier, le centre des loisirs Saint-Sacrement occupe toujours une place de choix dans le quotidien des résidents du quartier, des résidents qui, encore aujourd’hui, s’investissent dans leur milieu de vie.

Et vous?
Vous avez des souvenirs de vos étés passés aux Loisirs Saint-Sacrement? Vous avez dévalé le coteau Sainte-Geneviève en ski? Profitez des commentaires pour partager ces souvenirs avec nous!

Rémi Guertin, Ph.D.
géographe


Références

Chabot, Isabelle (2009), « Saint-Sacrement possède maintenant son lieu de rassemblement ». Article publié sur le site du journal Québec Express le 6 novembre 2009 et consulté en décembre 2017 à https://www.lequebecexpress.com/actualites/economie/2010/5/28/saint-sacrement-possede-maintenant-son-l-1187283.html

Historique. Article publié sur le site du Département d’éducation physique de l’université Laval; article consulté en décembre 2017 à https://www.fse.ulaval.ca/edp/historique/.

Lagacé, Louise (non daté), Loisirs Saint-Sacrement. Mon centre, c’est sacré! Publication des Loisirs Saint-Sacrement.

Ville de Québec (2016). Arrondissement de La Cité-Limoilou. Collection : Découvrir Québec. Services des communications de la Ville de Québec.

Iconographie

Église du Très-St-Sacrement (1921). Archives de la Ville de Québec; fonds : Collection iconographique de la Ville de Québec, négatif : CI-N010736. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=7079.

Lagacé, Louise (non daté), Loisirs Saint-SacrementMon centre, c’est sacré! Publication des Loisirs Saint-Sacrement.

Entrée du parc St-Sacrement (1979). Archives de la Ville de Québec; fonds : Québec, négatif : Q-C1-14-N013218. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=42818. Le logement occupé jadis par le gardien du parc se devine sur cette photo.

Terrain de jeux (1975). Archives de la Ville de Québec; fonds : Québec, négatif : Q-C1-14-N013682. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=29745. Le second étage du bâtiment visible au fond de cette photo était l’ancien logement de monsieur Leblanc. Il est aujourd’hui occupé par les bureaux des Loisirs Saint-Sacrement.

Partie de hockey (c. 1940-45). Archives de la Ville de Québec; fonds : collection iconographique de la Ville de Québec, négatif : CI-N010729. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=7112.

Séance de test pour les nouveaux policiers (1964). Archives de la Ville de Québec; fonds : Québec, négatif : Q-C1-14-N006027. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=31007.

Église du Très-St-Sacrement (1921 ou 1922). Archives de la Ville de Québec; fonds : Collection iconographique de la Ville de Québec, négatif : CI-N010739. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=9663.

Centre de loisir Saint-Sacrement (1984). Archives de la Ville de Québec; fonds : Québec, négatif : Q-C5-IC-N021235. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=26143.

Inauguration de la piscine extérieure du parc Saint-Sacrement (1987). Archives de la Ville de Québec; fonds : Québec, négatif : Q-C5-IC-N029635. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=26707.

Bain de pieds des filles — O.T.J. St-Sacrement (1947). Archives de la Ville de Québec; fonds : Œuvre des terrains de jeux de Québec; photographie : P014-04-N018599. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=23858.

Vue aérienne du parc Saint-Sacrement (1970). Archives de la Ville de Québec; fonds : Ville de Québec; négatif : Q-C1-14-N015879. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=29821.

Underwriters' Survey Bureau (1957-1961), Insurance plan of the city of Quebec, volume 1. Toronto; Montréal : Underwriters' Survey Bureau Limited. URL : http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2244127?docref=1RyaWz4Xjn3i90NAd_aNUQ.   Note : ce plan donne un aperçu général des installations sportives au tournant des années 1960.

dimanche 4 février 2018

Les anciens commerces du chemin Sainte-Foy


Cet article est le quatrième d'une série de six recherches commandées à Rémi Guertin, Ph. D. Géographe, dans le cadre d'un Projet d'initiative du Conseil de quartier Saint-Sacrement et grâce au soutien financier du Conseil d'arrondissement de la Cité Limoilou.

L’émergence de certains pôles commerciaux le long du chemin Sainte-Foy ou le long d’artères qui le croisent semble avoir suivi une sorte de patron d’implantation puisqu’il y a vraisemblablement un lien entre les côtes et le commerce.  En effet, le long du coteau Sainte-Geneviève, là où il y a des côtes il y a des pôles d’activités. Nous pouvons ainsi compter quatre côtes qui portent dans leur partie supérieure autant d’artères ou de pôles commerciaux :
• la rue Cartier qui est liée à la basse ville par les côtes Sherbrooke et Salaberry;
• la rue Belvédère qui se transforme en côte de la Pente-Douce (son pôle commercial est sur René-Lévesques);
• la rue Mayrand qui débouche sur la côte Branly;
• plus près de nos intérêts, la côte Saint-Sacrement et son pôle commercial du Chemin Sainte-Foy.

C’est probablement ce croisement de voies d’échanges et de transit qui a contribué à l’émergence de ces commerces. Mieux encore, ils semblent ponctuer le passage d’un niveau à un autre. Comme quoi, à Québec, et plus qu’ailleurs peut-être, on ne peut échapper à la géographie! Aussi, dans le cas du pôle commercial de Saint-Sacrement, il est difficile de ne pas souligner le fait, en simplifiant un peu, qu’il semble encadré par deux institutions : l’église à droite et l’école à gauche (si nous faisons face au nord).

Selon un plan d’assurance de 1923, le secteur est très peu construit : moins de dix bâtiments ornent les deux côtés du chemin Sainte-Foy. 




À ce moment, les quelques commerces ayant pignon sur rue étaient probablement surmontés de logements; pour les propriétaires, c’était une façon de rembourser plus rapidement la construction du bâtiment, s’ils n’habitaient pas tout simplement au-dessus de leur magasin. Un plan d’assurance de la fin des années 1960 montre que le secteur est entièrement construit : au moins deux bâtiments portent la note « Aparts Over » (appartements au-dessus), ce qui tend à confirmer notre intuition précédente.




Une photo de 1946 nous rappelle que le boulevard Wilfrid-Hamel (parfois surnommé « route de Trois-Rivières »), accessible par la côte Saint-Sacrement, était alors la seule façon d’atteindre Montréal; le panneau indicateur, visible sur cette photo est on ne peut plus clair. Cet accès vers Wilfrid-Hamel a probablement favorisé l’aménagement des deux stations-service du quartier. 




Tout d’abord, Imperial Oil (Esso par la suite) avait pignon sur rue à l’intersection de Marguerite-Bourgeoys et du Chemin Sainte-Foy. De cette station, il ne reste qu’un terrain vacant en attente d’un nouveau projet; il est toujours la propriété d’Esso. Ensuite, il y avait à une époque un Texaco à l’angle de la rue Père-Pelletier et du chemin Sainte-Foy. Aujourd’hui, la station opère sous la bannière Eko. Ces deux stations-service apparaissent sur un plan d’assurances du tournant des années 1960, avec la disposition de leurs pompes.







Le pôle commercial de Saint-Sacrement aurait toujours comporté un mélange de commerces, de restaurants et de services. Avant les années 1950, Jos Boivin vend notamment « des tissus à la verge » et des chaussures. Le pharmacien Maurice Boissinot s’était installé en face de l’église, « à la demande des religieux » (du Très-Saint-Sacrement). Jean-Baptiste Bilodeau, barbier de son métier, avait également pignon sur rue sur le Chemin Sainte-Foy (Ville de Québec, 2016, 65).




Au tournant des années 1950, le pôle commercial de Saint-Sacrement accueille une variété de commerces. Le quincaillier et épicier Lucien Côté avait pignon sur rue à l’intersection de la rue Marguerite-Bourgeoys et du Chemin Sainte-Foy. 






À cette époque, les résidents du quartier étaient desservis par la pharmacie Lachance. On y trouvait également la boucherie Bégin, la lingerie Leduc, la mercerie Boivin, un restaurant « bière vin », la pâtisserie Au friand et possiblement un greasy spoon servant des « quick lunch/repas léger » (qui se devine au coin d’une photo de 1951).







Ces photos anciennes du pôle commercial de Saint-Sacrement nous rappellent comment les commerçants ont généralement cherché — et cherchent encore — à être dans le vent. Il n’y a qu’à regarder la photographie de la pharmacie Lachance, dont l’édifice, fort probablement construit avant la guerre, arbore fièrement une façade résolument moderne (au sens de l’architecture de l’après-guerre). Autrement dit, l’architecture commerciale, sinon les devantures de magasins, sont souvent des instantanés des goûts et tendances du moment.

Au tournant des années 1960, le secteur comportait une succursale de la Banque d’économie de Québec ainsi qu’une caisse populaire. Si la caisse pop a toujours pignon sur rue, la Banque d’économie a été remplacée par une Banque Nationale. Rappelons que la Banque d’économie de Québec était intégrée à la Banque populaire en 1968, laquelle fusionne avec la Banque Nationale en 1970. Il est intéressant de souligner comment les institutions financières utilisent l’architecture pour exprimer dans le paysage leur position dans le système social. Et à ce titre, sur le Chemin Sainte-Foy, la Banque Nationale et Desjardins, qui occupent la même rive (le même côté de la rue) — qui a donné le mot rival — donnent l’impression de deux coqs de faïence qui se font la parade. Chose certaine, leurs bâtiments respectifs sont plutôt flamboyants comparativement à l’architecture de cette portion de rue.

Le pôle commercial à la tête de la côte Saint-Sacrement a donc évolué au fil des ans, des modes et des besoins. À une époque, l’automobile a certainement contribué au développement du quartier Saint-Sacrement et de son pôle commercial. Aussi, sa composition a été le reflet de nos habitudes commerciales et de notre façon de vivre la ville. Cette dernière pouvait par exemple favoriser l’ouverture d’une quincaillerie ou d’une boucherie de quartier. Aujourd’hui, notre façon de vivre la ville est plus éclatée et prend appui sur des réseaux qui se tissent à des échelles qui dépassent les limites de notre quartier. De même, le commerce électronique, l’organisation du commerce en centres commerciaux et la mobilité contemporaine ont également une incidence sur nos façons de consommer et donc sur la composition du pôle commercial de Saint-Sacrement. Encore aujourd’hui, la dynamique du pôle commercial de Saint-Sacrement n’est que le reflet de notre façon de vivre la ville. Qui sait de quoi il sera fait demain!

Vos souvenirs

L’histoire du commerce dans Saint-Sacrement est une histoire qui reste à faire, dans la mesure où elle est constituée, en partie du moins, d’un quotidien fait de petites choses. C’est qu’une partie de cette histoire est constituée d’anecdotes associées à des commerces passés. Et ce sont les commerçants et les citoyens qui sont les dépositaires de cette histoire. Vous avez des souvenirs et des anecdotes rattachés à un commerce de Saint-Sacrement? Vous vous souvenez d’une ambiance particulière? Alors, profitez des commentaires pour… écrire l’histoire!





Rémi Guertin Ph.D.
géographe




Référence

Ville de Québec (2016), « Arrondissement de La Cité-Limoilou » dans la collection Découvrir Québec. Québec, Service des communications, Ville de Québec.

Iconographie

Goad, Charles Edward (1910-1922), Insurance plan of the city of Quebec, Canada. Montreal : Chas. E. Goad, civil engineer. Disponible sur le site de la BANQ à http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2244201?docref=N_kbZIe7Rc5lCZ0L0lVc1A

Underwriters' Survey Bureau (1923),  Insurance plan of the city of Quebec, Canada. Toronto; Montreal : Underwriters' Survey Bureau. Disponible sur le site de la BANQ à http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2247055?docref=5ve07dUvmQBMdPXKvPBLeQ.

Underwriters' Survey Bureau (1957-1961), Insurance plan of the city of Quebec, volume 1. Toronto ; Montreal : Underwriters' Survey Bureau Limited. Disponible sur le site de la BANQ à http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2244127?docref=whtQi3XDdA0woVP39AM73A.

Pharmacie Lachance, 1951. Archives de la Ville de Québec; fonds de la ville de Québec; négatif : Q-C1-14-N002931. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=23103

Boucherie Bégin et les commerces avoisinants (1951). Archives de la Ville de Québec; fonds de la Ville de Québec; photographie : Q-C1-14-N002934. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=23105.

Mercerie Boivin et les commerces voisins (1951), Archives de la Ville de Québec; négatif : Q-C1-14-N002937. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=23099.

Épicerie et la quincaillerie Côté (1951). Archives de la Ville de Québec; négatif : Q-C1-14-N002938. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=33684.

Intersection de l'avenue Marguerite-Bourgeoys et du chemin Sainte-Foy (1951). Archives de la Ville de Québec; négatif : Q-C1-14-N002706. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=33719.

Intersection de l'avenue Marguerite-Bourgeoys et du chemin Sainte-Foy (1948). Archives de la Ville de Québec; négatif :  Q-C1-14-N002707. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=33720.

Commerces situés sur le chemin Sainte-Foy (1951).  Archives de la Ville de Québec; négatif :  Q-C1-14-N002935. URL : https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=33682

Le chemin Sainte-Foy coin Holland (1946).  Archives de la Ville de Québec;  négatif :  Q-C1-14-N001417

Incendie  au restaurant Chez Camille (1978).  Archives de la Ville de Québec; négatif:  P059-N400133. URL: https://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=13762


Les commerces de Saint-Sacrement (1951). Photographie des Archives de la Ville de Québec (photographie : Q-C1-14-N002918) publié sur le site Mon Montcalm.  Site consulté en décembre 2017 à https://monmontcalm.com/2017/commerces-de-saint-sacrement-1951/